J+40 : Asassin malgré lui
Prenez donc le texte qui suit comme une nouvelle de suspense à tendance réaliste.
10/10/2005
00h30
Elle me paraissait bizarre, cette annonce. J’aurais dû me méfier.
C’est vrai, au fond, ce n’était qu’une impression de pas normal. Maintenant que je sais ce que cette impression annonçait, à savoir une sensation de tomber dans une spirale de folie furieuse, je me dis que si c’était à refaire je ne répondrais pas à l’annonce. Je jetterais ce journal au loin et j’éviterais de penser à l’adresse Internet imprimée dessus.
En attendant, à ce moment là, j’étais suffisamment aux abois pour accepter n’importe quel boulot miteux.
L’annonce parlait d’un contrat à durée déterminée, bien payé, accessible sans condition de diplôme ou compétences. Il suffisait d’envoyer une fiche de renseignements électronique sur un site d’apparence anodine.
J’ai répondu à l’annonce.
J’ai eu tort. Définitivement.
Ca sentait l’arnaque… Mais à ce point, personne n’aurait pu l’imaginer !
On m’a répondu. On n’a pas de nom. On n’existe virtuellement pas. On envoie ses e-mails en utilisant tellement d’écrans et de protection qu’On est virtuellement intraçable. On m’a évidemment interdit d’en parler à la police.
J’écris ces lignes comme un témoignage. Une bouteille à la mer. On est de toutes façons trop bien protégé. Des accointances politiques, des protections maffieuses… En Finlande, qui l’eut crû ?
De fait, On est une agence de tueurs à gages. Ca n’arrive que dans les livres, et pourtant.
Sauf que dans les livres, les tueurs à gages sont des mecs très classe, blindés de fric, roulant en coupé noir décapotable…
Ici, les tueurs à gages sont des étudiants. Typiquement mon genre, appâtés par un boulot et de l’argent facile.
On leur donne à chacun deux cibles. A exécuter. Effrayant ? Pas tant que la mesure d’obligation. Je ne serais jamais payé pour exécuter mes cibles. Ma seule rétribution sera de ne pas finir moi-même sur une liste de tueurs recherchés tant que j’exécute leurs demandes. Oui, si je merde, ils me balancent à la Police. Je vous ai dit qu’ils avaient des contacts partout, ces fumirs… De toutes façons je suis d’entrée de jeu la cible d’un de leurs tueurs.
Une façon comme une autre de me donner envie de finir le boulot au plus vite, je présume.
Quoi qu’il en soit, j’ai maintenant deux personnes à assassiner froidement. A est étudiant en informatique, B étudiant en entretien forestier. J’ignore qui leur en veut, qui a payé pour voir leurs têtes percées d’un trou de 9 millimètres… Je m’en fous. J’aimerais résister, mais j’ai une boule dans l’estomac qui me dit de ne pas jouer au plus fin pour le moment.
A habite Espöö, B aussi. J’ai un compte rendu détaillé de leurs activités quotidiennes. Je n’ai pas encore réfléchi à la façon dont j’allais m’y prendre. Il me faut d’abord une arme. J’opte pour le pistolet. J’ai demandé si On pouvait m’indiquer une adresse, un revendeur privilégié.
Sinon je serais obligé d’utiliser le couteau… Très sale.
11/10/05
00h30
On m’a répondu, sur un ton fort cordial (enfoirés !), qu’il était sûrement possible de se fournir chez un type qui bosse comme vendeur chez Stockmann et qui fourgue des pétoires sous le manteau. J’ai donc été chez Stockmann, sorte de Galeries Lafayette locales. Ledit vendeur trouvé, il m’a entraîné dans une cabine d’essayage pour me déclarer laconiquement que son stock de pétoire était vide mais qu’untel pouvait sûrement m’en fourguer une pas chère. J’ai donc fait le voyage jusqu’à la boutique dudit untel qui ne s’est pas fait prier pour me fourguer un calibre sous le comptoir. J’avais le choix entre un .44 canon long virtuellement indissimulable et un pistolet 9mm assez petit. Va pour le 9mm. De toutes façons je ne pouvais pas adapter de silencieux sur le .44. Et j’aimerais pas me démettre une épaule le jour où j’aurais besoin de m’en servir.
Je suis armé. Maintenant… Je ne sais pas. Vais-je céder à leur chantage ou rester digne et me contenter de dessouder le type qu’ils m’ont envoyé ? Sachant qu’ils m’en enverront d’autres… C’est sans fin…
Pour le moment, je pars à Stockholm. Ils m’ont recommandé de ne pas changer mon emploi du temps, je leur ai donc signifié mon départ, j’ai décidé d’essayer de faire le mouton pour l’instant. Je reviendrai de Stockholm jeudi… D’ici là, je compte bien réfléchir posément à tout ça. L’angoisse d’hier soir s’est un peu dissipée et je commence à retrouver un semblant de réflexion. La crosse du pistolet a un contact apaisant… Je vais aller dormir en le mettant sous mon oreiller.
Qui sait s’ils n’ont pas embauché un de mes colocataires ?!